Dans un entretien accordé au quotidien Le Parisien, le président de la République a annoncé, le vendredi 2 mai 2025, son intention de lancer une convention citoyenne sur « les temps de l’enfant », en particulier sur les temps de vacances et les horaires scolaires. « Il me paraît nécessaire que l’on travaille à faire en sorte que l’organisation des journées de nos élèves soit plus favorable à leur développement et aux apprentissages, qu’un équilibre soit trouvé aussi pour faciliter la vie des familles », soutient le chef d l’État. L’opération, qui sera pilotée par le Conseil économique social et environnemental (CESE), devrait commencer dès le mois de juin pour s’étaler jusqu’à l’automne, voire jusqu’à la fin 2025, révèle le quotidien.
Un panel de Français tiré au sort sera ainsi chargé d’auditionner des experts pour, ensuite, émettre des avis sur l’organisation des journées scolaires. Exemples : à quelle heure commencer les cours ? Quel cours prioriser le matin ?… La question sensible du nombre de semaines de vacances sera également soumise à la convention citoyenne. La convention citoyenne apparaît aux yeux du président de la République comme « l’outil de consultation des Français le plus adapté, car c’est une question très complexe qui nécessitera de dégager de nombreux consensus entre tous ceux qui sont touchés par ce vaste sujet, comme les parents, la communauté éducative, y compris périscolaire, les collectivités locales et même les professionnels du tourisme », explique-t-il dans les colonnes du Parisien.
Convention citoyenne sur les temps de l’enfant : une idée hors-sujet
L’annonce de cette nouvelle convention citoyenne est accueillie avec scepticisme par les syndicats enseignants. « C’est une idée complètement hors-sujet », a réagi dès le lendemain, sur RMC, Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat SNES-FSU. Selon elle, le président de la République « risque d’enfoncer un peu plus l’Éducation nationale dans la crise. » « On a déjà échangé sur la question des vacances l’année dernière avec les organisations syndicales et les parents d’élèves, pourquoi Emmanuel Macron et la ministre Élisabeth Borne ne reprennent pas les discussions qui ont déjà eu lieu ?, interroge la responsable syndicale. Pendant des années, on ne nous écoute pas et là, la solution est une convention citoyenne. Comprenez qu’on soit perplexe. » L’annonce du chef de l’État est un « grand exercice de diversion nationale plutôt que de traiter les urgences de l’école », dénonce la secrétaire générale du syndicat SNES-FSU.
Même son de cloche du côté du SNUIPP-FSU. « Il y a d’autres urgences », a confirmé sur franceinfo sa porte-parole, Ghislaine David. Et d’énumérer les difficultés que rencontrent les enseignants sur plusieurs questions : l’inclusion scolaire, le nombre de remplaçants, le nombre d’enseignants à la rentrée scolaire devant les élèves, l’attractivité du métier… La question des rythmes scolaires, « qui a déjà été mise en débat en 2013 et qui a suscité beaucoup de conflictualité au sein de l’école, risque de créer encore plus de conflictualité dans une école qui est déjà fracturée », prévient la porte-parole du SNUIPP-FSU.
Depuis son accession à l’Élysée, Emmanuel Macron a déjà organisé deux conventions citoyennes. La première sur le climat, en 2019 et 2020, durant son premier quinquennat ; la deuxième, baptisée commission citoyenne sur la fin de vie (CCFV), qui a remis un rapport sur ce sujet en avril 2023, donnant lieu à une proposition de loi qui sera examinée à l’Assemblée nationale à compter du lundi 12 mai.